En réalité, les écarts entre les revenus se sont au contraire creusés. Les hauts revenus ont augmenté, alors que les bas et moyens stagnaient, voire reculaient. Dans les pays qui ont connu une bulle spéculative dans l’immobilier - comme les États-Unis -, les ménages à bas et moyens revenus ont momentanément pu compenser en partie leurs pertes financières avec la hausse des prix de leur logement. Mais les gouvernements ont cru accélérer cette évolution en favorisant l’accès à la propriété du logement, créant du même coup, pour les ménages privés concernés, l’illusion d’être plus riches grâce à la hausse des prix de l’immobilier. Une fois cette illusion perdue, lorsque la bulle éclata, ils adaptèrent leur consommation à leurs revenus effectifs.
Les conséquences économiques en ont été catastrophiques. Quand la demande en biens de consommation se fait rare, les entreprises réduisent leurs investissements et le chômage augmente ; ce qui, à son tour, diminue le pouvoir d’achat, la consommation poursuivant son déclin.
Si l’on compare l’évolution des revenus depuis les années 70 à l’ampleur de la crise dans chaque pays, il apparaît que les pays qui ont été touchés le plus durement par la crise sont ceux qui ont le plus appliqué l’idéologie de la répartition inégale des revenus. Et le chômage a augmenté le plus fortement là où, ces trente dernières années, la fourchette des revenus était la plus large.
Si l’on veut dépasser durablement la crise, une condition est que les rapports entre les revenus soient plus justes. Le gouvernement Obama l’a reconnu et a engagé les premières mesures dans ce sens. Il veut augmenter les impôts des hauts et très hauts revenus, ainsi que renforcer les syndicats.