Mais la reprise s’annonce-t-elle vraiment ? Non, ce n’est vraisemblablement pas le cas. Malheureusement. Ce que nous vivons maintenant, c’est un léger correctif au net fléchissement de la conjoncture amorcé depuis la fin 2008. La demande de produits ayant stagné, voire reculé, nombre d’entreprises ont réduit leur production, livrant leurs clients en puisant dans leurs stocks. Parallèlement, elles ont fortement diminué leurs stocks de produits intermédiaires, ce qui a été durement ressenti par leurs fournisseurs. De fait, les entreprises ayant nettement moins besoin de produits intermédiaires, les carnets de commandes de leurs fournisseurs se sont dramatiquement amaigris.
Depuis lors, beaucoup d’entreprises constatent que leurs stock ont tellement diminué qu’ici où là, elles pourraient se trouver brusquement confrontées à des problèmes de livraison. C’est pourquoi elles commencent à relancer leur production et se remettent donc à acheter des produits intermédiaires. C’est le phénomène que les statistiques reflètent actuellement. Le recul de la production a clairement perdu de son intensité. Il se pourrait même qu’il soit, ici ou là, question de son augmentation.
Mais cette reprise ne devrait être que momentanée et rester à un bas niveau. Car, entre-temps, le chômage a progressé sur presque toute la planète. Ayant moins de pouvoir d’achat, les gens consomment moins avec pour conséquence que les entreprises vendent nécessairement moins. Simultanément, on assiste à une baisse des besoins en nouveaux bâtiments commerciaux et logements, ainsi qu’en biens d’équipement dans les entreprises diminue. Ces dernières vont alors constater un nouveau recul de la demande de leurs produits. La récession persiste.
Au commencement des récessions des années 30, on a toujours constaté l’existence d’« un cycle de stock », comme on l’appelle. L’effondrement de la conjoncture était rapidement suivi, dès le début de la récession, par une légère reprise. Qui était à son tour suivie d’un nouveau recul de la production. C’est la raison pour laquelle les récessions ont la forme d’un W.
Si on entend parler maintenant, ici ou là, de reprise, c’est sans doute une illusion. La récession persistera et le chômage va atteindre un niveau historique pour la Suisse, si les acteurs politiques ne font rien pour s’y opposer. C’est pourquoi un troisième train de mesures conjoncturelles est urgent aujourd’hui.